Je vous vois déjà rigoler rien qu’à lire le titre… vous vous dites sûrement « Bah j’invite des gens, je pose des jeux et tout se passera bien ». FAUX !
À moins que vous vouliez qui tout le monde se délecte du punch maison en papotant de comment Gilbert s’est ridiculisé en renversant son café sur la chemise blanche du directeur financier, organisé une soirée jeu, c’est comme au théâtre : si on ne voit plus le jeu d’acteur et qu’on entre dans l’histoire qui nous est raconté, c’est gagné, mais ça demande un gros travail en amont.

2015-02-14 18.39.43

Avant la soirée

Tout commence bien évidement par l’idée. Vous imaginez bien l’ambiance détonante de vos amis se gaussant en regardant l’un d’eux tenter d’imiter la limace lubrique en jouant à Animal suspect. C’est un bon début ! Essayez donc de creuser un peu cette idée en imaginant le lieu (espace, lumière, mobilier, …), l’ambiance, le nombre de joueurs, … pas si simple n’est-ce pas ? Là on commence à entrer dans le vif du sujet.
Comment arriver à ce résultat issu de notre imagination ? Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la première question à se poser. Commençons par le commencement !
Il faut d’abord savoir pourquoi on le fait. Cette question parait évidente mais ne vous y trompez pas. C’est la réponse qui déterminera tout le processus ! Comme dans un jeu, il ne faut jamais perdre de vue le but. Quand bien même la réponse est « Pour se faire plaisir », il faut arriver à mettre en évidence ce que cela veut dire.
Une fois la raison clairement identifié, trouvez votre public. Toutes les caractéristiques sont bonnes à prendre tant qu’elles servent à homogénéiser les joueurs. Ce qui nous lie c’est ce qui nous rassemble. Ce qui nous rassemble, c’est ce qui forge la cohésion entre nous et c’est sur cette base que nous pouvons nous reposer pour faire émerger l’enrichissement et la mise en valeur de nos différences.
Une fois que vous savez pourquoi et pour qui vous organisez cette soirée jeux, les autres éléments de l’organisation deviennent presque évidents : le lieu (dans un bar, à la maison, dans la nature, …) la date et le timing.
On avance on avance ! Maintenant, on cherche comment on va orchestrer tout cela. Le choix des jeux est évidement une grande phase et surtout, l’une des plus fun. Tel le DJ, choisissez plusieurs ambiances, plusieurs styles pour qu’il y en ait pour tous les gouts. Une soirée jeu n’est jamais linéaire, il faut pouvoir à la fois mettre du mouvement avec une grande maitrise des temps et rester adaptable. Imaginez que les ¾ s’en aille à 23h parce que le lendemain, ils ont leur fameux repas dominicale en famille et qu’ils veulent avoir l’air frais et que les derniers sont survoltés et veulent jouer tout leur saoul jusqu’au petit matin. Il faut pouvoir les rassasier !
Ajoutons à cela un zest d’organisation logistique pour lier le tout. Une bonne communication (voir un rappel, les gens oublient toujours tout), une bonne anticipation pour se procurer les jeux (ah mince, je voulais 7 Wonders mais la ludothèque est fermé parce que c’est Pâques), comment je ramène les jeux au lieu et un bon aménagement de l’espace (tables et chaises en bon nombre, espace suffisant, lumière et fond sonore, …). Si en prime, vous avez l’idée de connaitre quelques jeux (voir comment expliquer une règle de jeu : Artichouette n°29) histoire de commencer sur les chapeaux de roues c’est super ! Le top est quand même de maitriser une majorité de jeu ou, tout du moins, d’avoir une idée du déroulement.

Pendant la soirée

Oh mince, on voulait commencer directement par un Archipelago mais il manque Gilbert (oui oui, toujours le même) … Pour éviter cette situation qui « plof » votre entrée en matière, il faut l’avoir prévue. Le jeu d’apéro c’est certes, un jeu qu’on peut faire pendant l’apéro, mais aussi un jeu amuse-bouche avant de commencer une partie d’un jeu plus velue ! (la pilosité du jeu étant proportionnelle à sa complexité et/ou à la difficulté à s’approprier les règles). Avoir un « Comment j’ai adopté un gnou ? » ou un « Zik » est toujours de bon aloi. Il vous permet de vous sortir des situations les plus périlleuses (comme les fins de parties non synchronisés) et permettre ainsi de garder le rythme dans votre soirée. Car croyez-moi, lorsque les participants se ruent sur les pringles, c’est le retour aux papotages et là, tout est possible.
Soyez attentif aux remarques de chacun, aux moments de latence et aux réactions des participants. La meilleure des formations, c’est la pratique et c’est en observant que vous pourrez parfaire vos aptitudes. Il n’y a pas deux soirées identiques mais avec l’expérience, vous décèlerez plus rapidement les problèmes et aurez prévu des solutions.

En fin de soirée…

Prenez les retours de chacun de façon informelle. Un simple « c’était bien ? » vous permet d’obtenir des réponses insoupçonnées. Sachez les écouter et les exploiter. Ces remarques ne sont pas destiné à votre travail mais sont les ressentis que celui-ci à générer. Ne vous remettez pas en cause personnellement mais essayez de trouver l’enrichissement que cette réflexion vous apporte. C’est comme un nouveau défi à relever. Si déjà vous avez organisé cette soirée, c’est une action magnifique ! Comme on dit, « il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas de bêtises ».

 

OVNI