Par Nicolas Ovigneur
Dans la ferme de Martinrou, on trouve des poules, des chèvres, des lapins … mais aussi des artistes, en herbe ou confirmés, dans toutes sortes de disciplines.
Lorsqu’arrivent les vacances, les habitués de 4 à 16 ans prennent possession des lieux pour exercer leur imaginaire à l’aide d’ateliers plus créatifs les uns que les autres.
Inventer un jeu et le fabriquer en recyclage, voilà l’enjeu de ce stage.
C’est avec l’ASBL Let’s play together que, dans ce cadre, j’ai pu intervenir afin d’accompagner 7 jeunes de 10 à 16 ans pour qu’ils créent un jeu en 4 jours !
De l’idée à la conception
Martin, Gaëlle, Camille, Luna, Lisa, Grégoire et Jeanne ont déjà une sérieuse culture ludique et cinématographique. Et Martin de débuter « On pourrait faire un jeu à la Pandémie ou à la Race for the galaxy… ». Le décor est planté !
Le brainstorming commence et les idées vont bon train :
– On pourrait faire un jeu sur Harry Potter
– Oui avec un plateau qui représente Poudlard avec des escaliers qui bougent
– D’accord mais il faudrait en mettre peu pour que ça bloque le passage
– Oui mais dans ce cas, on pourrait faire apparaître la salle sur demande qui nous déplacerait où on souhaite
– Sauf que la salle sur demande ne nous permet pas de nous déplacer mais juste de se cacher… »
Bref, le parallèle entre l’œuvre originale et le jeu que nous tentons d’inventer ne permet aucune fausse note et chacun est là pour veiller à ce que cela n’arrive pas.
Les jeunes choisissent des options, réfléchissent, interagissent, débattent … si bien que lorsque je leur propose une pause, je me fais rembarrer gentiment sous prétexte qu’ils sont en pleine création.
Nous arrivons à la fin du premier jour avec un premier prototype prêt à tester dès le lendemain.
De la conception à l’ajustement
Dés le début de l’activité, nous commençons par un petit jeu de mise en bouche avant de se remettre au travail sur notre prototype.
La première expérience montre dès le premier tour ses limites :
– Oui mais là c’est trop simple, les escaliers ne servent à rien.
– Mais si on en met moins, comment on fait si on tire un 6 et qu’on ne peut pas bouger ?
Les propositions fusent et tous prennent la parole avec une réelle considération pour toutes les réflexions.
Les tests s’enchainent avec toujours plus d’engouement de la part des auteurs.
Que ce soit en lien avec le thème choisi, avec la mécanique ludique ou avec le plaisir de jeu recherché, les idées sont riches et nous testons chacune d’elles avec le plus grand soin et l’attention que cela nécessite.
On se retrouve avec un jeu extrêmement compliqué avec beaucoup de paramètres et de petites actions possibles. Le coup de mou se fait sentir.
C’est pas si facile de créer un jeu !
De l’ajustement à la réalisation
Mais ce n’est pas le moment de baisser les bras, nous avons un objectif que l’on compte bien atteindre.
C’est donc le moment d’épurer ! On simplifie au maximum en faisant le deuil de certains choix, on remanie pour qu’il y ait une cohérence globale et on teste à nouveau.
Ce n’est toujours pas satisfaisant mais ça a le mérite de « tourner ». On remet quelques éléments écartés, on en enlève d’autres, on modifie le plateau de jeu et un nouveau test est lancé.
Bon… Nous voilà avec un jeu par équipe qui fonctionne. Par contre, plusieurs pouvoirs par carte sont présents et il faut encore tester tous ces aspects.
Nous synthétisons tout cela pour avoir une vue d’ensemble et ainsi proposer des options cohérentes et équilibrées pour chacune des équipes mais également rester en accord avec l’univers d’Harry Potter. En effet, les cartes reprennent les sorts de la série éponyme. Il faut que tout ait un sens et l’équipe de créateurs ne veut faire aucune concession à ce sujet !
Vient finalement le moment de la réalisation. Nous récupérons des rebuts un peu partout dans les différents ateliers et nous faisons jouer notre imagination une fois de plus pour trouver le meilleur rendu pour le combat épique entre l’Ordre du Phoenix et les forces des ténèbres.
Là encore, chacun trouve de nouvelles façons de les représenter à travers les blasons savamment reproduits, les couleurs choisies ou créées à partir de mélanges de couleurs.
Chacun apporte sa touche finale à sa création pour le plus grand plaisir de tous.
Je peux dire que j’ai eu l’immense honneur de coordonner cette troupe de créateurs en herbe qui a réussi en 4 jours à concevoir et à réaliser un jeu tout à fait singulier alliant une mécanique asymétrique et un jeu d’équipes à la thématique forte.
Un grand bravo et merci pour cette expérience inoubliable que je relate sans relâche depuis, vu sa richesse.